Start-up, GAFA, NATU, FINTECH, Licorne … KESAKO ?
Par G.Lécrivain – Lesclefsdumanagement.com – 6 février 2020
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Start-up, GAFA, NATU, FINTECH, Licorne … KESAKO ?
Par G.Lécrivain – Lesclefsdumanagement.com – 6 février 2020
GAFA, NATU, FINTECH, licornes sont souvent présentés comme les symboles et les maîtres de la nouvelle économie, et en particulier de l’économie dite disruptive… mais que se cache-t-il réellement derrière ces acronymes et ces appellations ?
Tombés dans le langage courant, et utilisés de manière large ou restrictive, ces termes définissent pourtant des réalités structurelles et organisationnelles précises dont l’activité modifie en profondeur non seulement notre quotidien, mais aussi le cadre d’évolution d’un grand nombre d’entreprises et de marchés.
Start-up … de quoi parle-t-on ?
Si on part d’une traduction littérale, « start-up » signifie « société qui démarre » (démarrage « start » auquel s’ajoute l’idée de croissance forte « up »).
Cette définition pourrait donc identifier toute TPE qui a la chance et le talent pour amorcer rapidement une phase de croissance. Et ce n’est pas la traduction proposée par la « commission spécialisée de terminologie et de néologie en matière économique et financière » (… ouf) qui a traduit le terme de start-up … par « jeune pousse » qui va nous éclairer davantage.
La start-up est pourtant un terme déjà ancien, utilisé juste après la Seconde Guerre mondiale, avec l’apparition des premières sociétés de capital-risque.
Cette origine identifie déjà un premier trait caractéristique de la start-up :un univers contextuel marqué par de fortes incertitudes.
C’est en effet à travers ses caractéristiques qu’il apparait le plus simple de définir la start-up qui est …
Des GAFA … aux NATU
Derrière l’acronyme GAFA se retrouvent les entreprises symboles de la réussite du modèle économique de la Silicon Valley et plus largement de cette nouvelle économie de ce début de XXI ème siècle et du passage au web et à la digitalisation : GOOGLE, APPLE, FACEBOOK et AMAZON.
Ce « Big four » regroupe quatre sociétés du web qui, à elles seules, pèsent plus lourd que nos quarante entreprises du CAC !
Un « petit » dernier, en l’occurrence MICROSOFT, a rejoint cette bande des quatre et a ajouté sa majuscule ; on parle ainsi également de GAFAM.
Quelques chiffres : Les GAFA représentent …
Des chiffres vertigineux … et pourtant ces géants du web voient désormais leur activité concurrencée par ce qu’on pourrait qualifier de « nouveaux entants », aussi bien au regard de la jeunesse de ces nouvelles entreprises que d’un degré de croissance et de développement sans précédent.
Un nouveau « big four » prêt à supplanter les GAFA ? Certainement pas ! Et par ailleurs, en tant que tel, on ne peut parler de concurrence car ces « nouveaux entrants » que sont les NATU (NETFLIX, AIRBnB, TESLA et UBER) surfent, se développent et capitalisent sur les services créés par les GAFA.
Ces entreprises “nouvelle génération” exploitent la digitalisation pour installer et développer des activités disruptives rendant ainsi obsolètes les règles de fonctionnement et les facteurs clés de succès de grands nombre de marchés :
Ces NATU ont pour point commun de « disrupter » des marchés entiers : en s’appuyant sur les technologies digitales, ces sociétés ont désintermédié ces marchés ou plutôt ont remplacé et dématérialisé les intermédiaires et la plupart des acteurs clefs en les remplaçant par des applications. Ces dernières (à l’image de BLABLACAR en France) mettent ainsi en relation directe consommateurs et producteurs de services rendant ainsi l’accès à la consommation du service plus rapide … et moins coûteux..On parle ainsi de disruption.
Selon Clayton CHRISTENSEN, le chantre de la disruption, il faut distinguer :
… et les BATX, futurs et prochains géants du numérique
Les BATX (Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi), derniers entrants et nouveaux dragons de l’économie numérique, symbolisent le renversement du rapport de force économique entre l’occident et l’Asie et plus précisément entre les Etats-Unis et la Chine. A titre illustratif, la croissance annuelle de leur chiffre d’affaires respectif est largement supérieure à celle de leurs concurrents américains.
… et maintenant les FinTECH
L’ubérisation de l’économie touche tous les secteurs. Il n’y avait donc pas de raison pour que le secteur bancaire et financier ne soit pas révolutionné à son tour que ce soit au niveau des services à destination des particuliers (B to C) ou des entreprises (B to B) : avançant souvent derrière le masque du financement participatif ou crowdfunding (à l’image en France d’ AFRIMARKET, permettant à tout utilisateur peut d’envoyer vers l’Afrique des fonds directement à un commerçant partenaire pour qu’un de ses proches s’y présente et y retire un bien particulier, après en avoir été notifié par SMS) ces FinTECH à l’instar de leurs sœurs jumelles UBER ou autre AIRBnB veulent révolutionner les usages.
Ainsi, flairant la bonne affaire, ORANGE avec ORANGE Bank intègre les services bancaires (en dépit d’accident de parcours comme l’échec du système de paiement en ligne EBuster, Pay Pal à la française mis en place en 2011 par ORANGE, BOUYGUES et SFR).
De grands groupes, bien loin de leur cœur de métier font déjà trembler les mastodontes de la finance. A partir de technologies mobiles et du cloud computing, ces FinTech investissent tous les segments du marché des services financiers : moyens de paiement, crédit, gestion du patrimoine et de l’épargne, affacturage… et le succès est aussi gigantesque qu’ultra rapide : avec une capitalisation de 18.5 milliards de dollars, la FinTECH chinoise Lu.com s’est placée dans le Top 6 des licornes mondiales les plus capitalisées.
Une licorne … Kesako ?
Après les GAFA, après les NATU … la licorne, la décacorne … et désormais « la hectocorne«
En 2013, une spécialiste et analyste américaine du capital-risque Aileen LEE utilise pour la première fois le terme de Licorne (« unicorn ») pour regrouper toute entreprise disposant des caractéristiques suivantes :
- 62% des licornes sont domiciliées aux Etats-Unis
- 6% en Chine
- 5% en Inde
- 4% aux Royaume-Uni.
Depuis, le terme n’est plus réservé aux seules entreprises américaines et dénomme, par exemple en France BLABLACAR qui vaut désormais 1,6 milliard de dollars, CRITEO ou encore VENTES-PRIVEES.com.
Classement complet : https://www.cbinsights.com/research-unicorn-companies
La Licorne n’est donc visiblement pas une espèce en voie de disparition, bien au contraire ! De 39 licornes en 2013 puis de 82 début 2015, le nombre de licornes dans le monde est passé à 134 en septembre de la même année, à 153 en février 2016 et 176 sept mois après … soit une augmentation de plus de 350% entre 2013 et 2016 … et de plus de 925 % entre 2013 et avril 2020 (à cette date, on compte en effet plus de 400 licornes dans le monde (très majoritairement chinoises, américaines et indiennes).
Les variantes comprennent les décacornes, évaluées à plus de 10 milliards de dollars, en attendant l’avènement prochain de l’ hectocorne, évaluée à plus de 100 milliards de dollars.
Selon une étude de 2017, mettant en relief un classement européen,le Royaume-Uni arrivait largement en tête, avec 22 start-ups dépassant le cap du milliard de dollars. Leur valeur cumulée totale frôle les 50 milliards de dollars. Une somme astronomique que seule la Suède peut prétendre concurrencer. Ses start-ups, au nombre de sept seulement, atteignent une valeur cumulée de 35,9 milliards de dollars.
Quant à la France, elle ne revendique que trois start-ups valorisées à plus d’un milliard (BLABLACAR, CRITEO et Vente-privée), pour une valeur cumulée totale de 8,1 milliards de dollars.
Au-delà de l’effet volume, l’accélération exponentielle du rythme d’apparition de licornes dans le monde interpelle autant qu’il inquiète : au regard d’une capitalisation déraisonnée et d’un endettement souvent abyssal, de nombreux spécialistes prédisent qu’avec leur corne, ces animaux mythiques ne fassent éclater une nouvelle bulle à l’instar de l’explosion de la bulle internet au début des années 2000… un dicton rempli de sagesse précise que « les arbres ne montent pas jusqu’au ciel. » … et ce qui est vrai pour les arbres, l’est encore plus pour les bulles surtout quand elles sont technologiques.