De A à Z,
les auteurs et les références qui font le management

CROZIER Michel (1922/2013)
Classification : approche sociologique
Michel Crozier est considéré comme un pionnier de la sociologie des organisations et le fondateur de la sociologie française des organisations. Chercheur au CNRS, il y avait fondé en 1962 le Centre de sociologie des organisations (CSO).
Diplômé de HEC, il part 14 mois aux Etats-Unis pour y étudier les syndicats. A son retour en France, il publie les résultats de son enquête, passe un doctorat en droit et entre au CNRS.
Différentes recherches et travaux vont alors se succéder et en 1964 il publie sa thèse d’Etat « Le Phénomène bureaucratique » puis plus tard (1977) « l’acteur et le système ».
En faisant apparaître dans une approche systémique les relations de pouvoir en fonction du jeu des acteurs, l’approche de Crozier est très éclairante pour le management des organisations .
Ses travaux et leur portée :
- Le phénomène bureaucratique ou la dénonciation de l’approche bureaucratique des organisations
« Le Phénomène bureaucratique » (1964) est le livre fondateur de la sociologie des organisations en France. Au delà de la critique de l’approche weberienne des organisations, on y trouve tous les éléments de l’analyse stratégique, l’un des apports méthodologiques majeurs de Michel Crozier.
Pour Max Weber, la bureaucratie correspondait à un « idéal-type » organisationnel : ainsi cette organisation hiérarchisée (la carrière dépend de la notation) avec des procédures écrites systématiques (des règles) où les rémunérations évoluent selon une grille fonction du grade et de l’ancienneté apparait comme la meilleure forme d’organisation (« one best way organisationnel »).
Crozier va non seulement rejeter mais dénoncer cette approche bureaucratique des organisations :
La dimension mécaniste des organisations bureaucratiques est inadaptée face à la complexité et au caractère turbulent des environnements.
La règle n’est pas la forme exclusive de coordination ni la forme la plus efficiente. Ainsi, toute organisation n’est pas composée que de règles qui permettent de tout prévoir de manière optimale. Il existe en effet de nombreux espaces non prévus par la règle; Crozier les dénomme « zones d’incertitude ». Le salarié qui n’est pas un simple spectateur d’une organisation coordonnée par la règle est en réalité un acteur organisationnel : il va notamment chercher à maîtriser ces zones d’incertitude pour s’arroger des espaces de liberté et de pouvoir (« le pouvoir du marginal sécant »).
Les jeux de pouvoir et les relations interpersonnelles vont donc aussi participer à la gestion de la vie organisationnelle au même titre que la règle formant ainsi « l’espace d’action concret » au sein duquel le salarié évolue en particulier en tant qu’acteur.